CE
QUI ME FAIT PEINDRE
“Je rêve d’une pensée de jour qui serait
rêvante”
J.B. Pontalis
Dans la solitude et
le silence du moment de peindre, la matière s’offre à mes mains et à mes yeux.
Tracés, couleurs, transparences, textures s’installent sur le papier. Rien
n’était là il y a un instant, en quelques gestes apparaît une scène. Son
apparition m’emporte comme si j’entrais dans un rêve. Elle m’invite à partir
explorer un espace inconnu, tout élan permis, toute reviviscence du passé
tolérée, tout émoi convié à s’imprimer.
Le mouvement
s’élance. Une atmosphère, portée par l’architecture qui se construit, tend à
remplir l’espace. Quelques personnages, animaux ou humains, semblent
apparaître. Des lieux d’enfance ressurgissent. Des formes inédites émergent.
Des mots s’inscrivent et l’écriture trame le papier.
D’une surface à
l’autre, chaque microcosme sollicite mon regard. Voyante passagère, je me
laisse prendre à lire, dans les
traces déposées, les scènes qu’elles dévoilent, libre de leur donner forme ou non. Ou bien, je me
laisse porter par l’étrangeté de l’image. Elle reste mystérieuse, sans
signification, et pourtant porteuse d’une force qui me pousse à poursuivre ou à
suspendre l’élan des pinceaux.