Il y a des idées qu’on aimerait trouver bonnes mais qu’on ne peut pas apprécier parce qu’il nous manque une certaine expérience, il nous manque certains préjugés. Je ne connais rien à la pornographie, je ne suis ni contre, ni pour. Je n’ai pas assez d’idées arrêtées pour réagir à ce que Bonello, via Léaud, veut nous en dire. C’est un peu comme la danse et même la peinture, je regarde et je sais que je ne peux pas mener ma réaction jusque dans mes viscères. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai réussi à garder les yeux ouverts pendant les scènes de cul. Elles ne m’arrivaient pas aux tripes, je comprenais que je ne devais rien sentir. Alors je regarde avec des yeux de dilettante. Curieuse, tout au plus.

Il y a aussi des idées qu’on aimerait trouver bonnes mais qu’on n’aime pas à cause d’une surcharge de préjugés. Le silence comme moyen de protester, je ne peux pas être d’accord. Le pacifisme m’écœure et ça, ça ressemble trop à une lubie de pacifiste. Esthétiquement l’idée a un certain charme. Paris en proie au silence, c’est assez fort. Mais il me semble que le charme que peut avoir cette idée ne doit pas être politique. Ou alors on ne se tait pas, on va jusqu’au bout, on se suicide.

Le silence n’est pas la contrepartie de la parole. Il en est l’équivalent. Il peut être aussi beau que des vers de Dante ou les thèses de Benjamin mais il peut être aussi obscène qu’un roman de Marie Laberge ou d’Alexandre Jardin. Le silence ou l’absence de mots dans une scène de cul me paraît obscène, celui entre un père et son fils qui se retrouvent me semble beau. Mais tout est une question de préjugés, et on en a toujours trop ou pas assez. Toujours.