Ça faisait très longtemps que je voulais le voir. On m’en avait parlé comme du film érotique au féminin. Je l’ai loué. Je l’ai regardé. Je l’ai passablement aimé. Passablement, parce qu’après un début formidable le film se normalise et devient masculin. Dans les premières scènes, derrière chaque prise de vue, derrière chaque mouvement de la protagoniste, dans le rythme des phrases on perçoit des mains féminines : subtiles, prévenantes, coquettes, ironiques, pénétrantes ; un regard que je ne me souviens pas d’avoir vu dans d’autres films. Voilà l’érotisme au féminin que je me dis et pas un film de foutre faux. Sa jupe n’est pas bien repassée, ni trop longue ni trop courte. Une jupe normale d’une honnête femme, qui comme le personnage du dernier Kubrick, a besoin… foutre[1]. Elle a foutrement besoin de foutre, de se faire foutre, du foutre de l’autre, de son foutre, elle est une honnête femme et non un morceau de viande pour des cochons roses ni un vase d’intelligence pour des secs rapaces. Elle aime son mec mais son mec ne peut pas la baiser et en bon honnête mec il fait semblent qu’il ne veut pas. Elle a besoin de se faire défoncer qu’elle dit. Elle se fait prendre brutalement sur un escalier, mais la brute est trop brute. Il n’a pas la classe du sadique qui l’enchaîne et la dévore avec ses propres fantasmes. Il — son amour — la pénètre comme un flocon de neige pénètre une coulée de lave. Elle, elle échoue enceinte. Elle, pour qui un baiser est plus obscène que n’importe quel baiser, rêve de bites et de trous, de trous et de bites. Pas un film de faux foutre. Elle honnête femme rêve comme un honnête homme. Il — son amour — dort, elle ouvre le gaz, va à la clinique, jette dans la vie une vie. Le cri de l’enfant cache le bruit de l’explosion. Il — son amour — est mort. Il — son enfant — est né.



[1]  Gentille lectrice, charmant lecteur,  pardonnez-moi ce manque de respect de la vérité. J’aurais dû écrire « baiser », mais, j’ai besoin de foutre pour continuer avec mon FF.