J'avais vu Amores perros il y a quelques années en Espagne. C'était l'été, il était minuit, et au lieu de boire mes vingtaines d'années comme chaque soir, j'ai opté pour ce film, dont beaucoup de cinéphiles m'avaient parlé. Bonne décision. Amores perros était un film « bien ficelé » et assez original. 21 grams est, donc, la confirmation d'un cinéaste (Alejandro González Iñárritu) qui nous propose quelque chose de nouveau.

Bien sûr, certains lui reprocheront de s'être servi d'acteurs américains connus. Mais, d'abord peut-on reprocher à un artiste de vouloir être vu/entendu ? Ensuite, il suffit de voir le film pour savoir que ses choix ont été judicieux. Sean Penn est tout simplement, et ce n'est pas la première fois, magistral. Benicio Del Toro, avec un jeu minimaliste, juste et sans exagérations, est très bon. Naomi Watts, après "Mullholland Drive" (David Lynch) et "The ring" (Gore Verbinski), continue à faire de bons choix.

Comme dans Amores Perros, un accident de voiture est le point commun entre les personnages de 21 grams. Les premières 20 minutes de celui-ci sont assez difficiles à suivre, le réalisateur, en effet, joue avec le temps, on passe du passé au futur, puis au présent, sans qu'on comprenne ce qui se passe. Puis on commence à comprendre. Iñárritu nous fait sentir intelligents et nous n'en sommes que flattés ! (ce n'est quand même qu'une illusion, ne l'oublions pas).

La souffrance plane sur 21 grams. Les personnages sont déchirés, ils se haïssent, s'aiment, s'enivrent, touchent le fond, et essayent de remonter. Remonteront-ils ? et à quel prix ? Quand on meurt, que perd-on ? (21 grammes est le poids que nous perdons au moment de notre mort, donc, théoriquement, le poids de notre âme). Que gagne-t-on ? Que perdent les autres ? Que gagnent-ils ?