Cent quatre-vingt minutes de projection, cent soixante de trop. Un documentaire, pas nécessairement, très bien tourné de vingt minutes aurait été bien plus intéressant pour connaître l’américanisation de Taiwan, pour découvrir les quelques bribes d’une culture chinoise qui nous tranquillise dans notre besoin de reconnaissance de la diversité, pour nous montrer la vie qui rêve dans le corps d’un enfant rempli de volonté. Cent soixante minutes de lieux communs pseudo-philosophiques, d’agencement de séquences trop prévisibles, de prétentions artistiques de première année de cinéma, de sentimentalisme et de kitch pré-hollywoodien, de manque d’assurance dans le rythme… cent soixante minutes qui auraient pu s’empoubeller. Pourquoi donc un tel succès ? L’exotisme ? ou le mépris pour des gens que l'on ne croyait pas capables d’enfiler trois heures d’images ? Je ne sais pas, mais tout cela m’oblige à me demander si l’engouement pour le cinéma italien d’autrefois n’était rien d’autre que le regarde paternaliste sur un monde qui se débattait dans l’arrière garde de la modernité Certes on peut, on doit continuer à faire des films comme Yi Yi, mais qu’on nous casse pas les oreilles avec Hollywood et sa puissance économique et impuissance artistiques. Les librairies sont bien remplies de livres qui ne valent pas les coûts de l’encre, pourquoi pas la même liberté pour le cinéma. Parce que le cinéma coûte plus cher ? Non, la platitude n’a pas de prix