Note
1 Définition de « livre » du TLF :
LIVRE1, subst. masc.
I. Assemblage de feuilles en nombre plus ou moins élevé, portant des
signes destinés à être lus. Synon. bouquin (fam.), ouvrage, volume.
A. [Le
livre comme objet]
1. HIST. DU LIVRE
a) Ouvrage écrit (le plus souvent d'un seul côté) sur un support
varié et se présentant sous la forme d'un rouleau. Livre de papyrus; livre
sur soie. À la voix du premier (le Dieu des chrétiens) les fleuves
rebroussent leur cours, le ciel se roule comme un livre (CHATEAUBR., Génie,
t. 2, 1803, p. 485).
Livres
éléphantins*.
b) Ensemble de feuilles de parchemin ou de papier écrites des deux
côtés et rassemblées en cahiers. Livre de parchemin (synon. codex). Au IVe siècle, les parchemins étant réunis en cahiers et reliés, le
livre manuscrit remplace le rouleau (Civilis. écr., 1939, p. 50-8).
2. Ouvrage imprimé, relié ou broché, non périodique, comportant un
assez grand nombre de pages. « Le mérite de mes livres », disait
sérieusement un bibliophile, qui vient de vendre sa bibliothèque très cher, «
le mérite de mes livres, c'est qu'ils n'ont jamais été ouverts » (GONCOURT, Journal,
1885, p. 438). Sans retard, nous commençâmes à composer le livre de Fronfreyde. Ce nous parut un travail tout aisé, très bon
pour les débutants, car c'était un livre de vers (DUHAMEL, Désert
Bièvres, 1937, p. 129) :
1. ... des pièces adjacentes (...)
également remplies, débordantes de livres. Pas âme qui vive. Silence.
Rien que des livres. On était impressionné. Du parquet au plafond, en
rangs serrés sur les rayons, en piles branlantes et de tous les formats,
surtout des livres anciens aux belles reliures et des épais in-folio
cousus dans leur parchemin...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.
341.
Rem. En 1964, l'UNESCO
a recommandé de n'employer le terme livre que pour des ouvrages
comportant au moins 49 pages, pages de couverture non comprises.
P.
métaph. Des bas-reliefs méplats d'une dimension
prodigieuse (...); pages d'histoire démesurées, écrites au ciseau sur un
colossal livre de pierre (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 226).
Livre
+ compl. déterminatif
Livre
de cartes. Recueil contenant principalement des cartes géographiques. Synon. usuel atlas. (Dict. XXe s.).
Livre
de dessin. Recueil de dessins à compléter et à colorier, destiné aux
enfants. Un ourson de peluche, (...) une petite boîte de crayons de
couleurs, et un livre de dessin (ROY, Bonheur occas.,
1945, p. 269).
Livre
d'images*.
Livre
de musique. Recueil de pièces musicales. P. métaph.
Cette langue fluide, voltigeante et rythmée, qui
(...) fait du vocabulaire italien un livre de musique (FROMENTIN, Dominique,
1863, p. 237).
Livre
de poche*.
Livre
+ adj. désignant la couleur de la couverture choisie pour une collection.
Les livres roses à deux sous qui publiaient les contes tirés de
Shakespeare (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 105). V. album ex. 5.
SYNT. a) concernant la fabrication et la présentation du livre. Composer,
imprimer un livre; livre en feuilles, sous presse, en réimpression; brocher,
relier un livre; caractères, format, maquette, mise en pages d'un livre;
frontispice, titre, gravures, illustrations d'un livre; marges, pages (de
garde) d'un livre; dos, plat, tranche d'un livre; livre doré sur tranche;
couverture, jaquette d'un livre; coquilles, fautes d'un livre; livre
défectueux; livre de luxe; beau livre; livre in-folio, in-octavo, in-quarto. b)
concernant la vente et l'achat du livre. Diffuser, éditer, faire
paraître, publier un livre; catalogue, collection de livres; livre ancien,
neuf, d'occasion, rare; livre de collection; livre dépareillé, épuisé;
amateur de livres; livre en souscription, à succès; caisse, rayonnage de
livres; emprunter un livre.
3. P. méton. Le livre (souvent
avec majuscule)
a) L'imprimerie et ses produits, l'édition. Foire du livre.
Commerce, industrie, marché du livre. Cette civilisation du livre qui décline
aujourd'hui (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955,
p. 43). La journée d'action devait s'achever à l'imprimerie Chaix, à
Saint-Ouen, occupée depuis près de cinq ans par les travailleurs du Livre (Le
Monde, 28 août 1980, p. 24).
b) L'ensemble des personnes travaillant dans l'imprimerie, dans
l'édition. Grève du livre. Je suis devenu correcteur, membre de la famille
du livre (Le Matin, 30 janv. 1981, p. 11, col. 3).
B. [Le
livre comme œuvre]
1. Ouvrage en vers ou en prose, d'une certaine étendue. Il [A.
France] connaît tout des livres, papier, types (...). Sa vie le fait
successivement libraire, bibliothécaire, juge des livres, auteur : il est
l'homme des livres (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 31). Achevé hier le récit de mon
voyage de Bordeaux à Lisbonne et commencé un livre de souvenirs qui sera sans
doute une histoire de ma vie (GREEN, Journal, 1940, p. 12) :
2. L'ouvrage de M. Nisard est un livre;
il se publie de nos jours bien des volumes; il y a peu de livres; il y
a bien des assemblages faits de pièces et de morceaux, il est très-peu de
constructions qui s'élèvent selon un plan tracé et sur des fondements qui
leur soient propres.
SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 15, 1851-62, p. 207.
Au sing., à valeur coll. Le livre, la philosophie, la religion,
sont les armes dont nos maîtres jouent pour circonvenir, assourdir, ahurir la
pauvre monade électorale (J.-R. BLOCH, Dest. du
S., 1931, p. 119). Il faut que le héros se modèle tout d'abord sur ces
personnages surhumains qu'il a appris à connaître par le livre ou par l'écran
(BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 164).
P.
méton.
Œuvre
importante d'un écrivain. Les grands livres de l'humanité : Plutarque,
Shakespeare, Balzac, Sainte-Beuve (BARRÈS, Cahiers, t.
14, 1923, p. 246).
Sujet,
contenu, histoire d'un livre. Le livre commence en juillet 1870. Poutillard vit dans une joyeuse société d'étudiants au
Quartier Latin. Je te promets que cette partie de mon roman n'engendrera pas
la mélancolie (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 98).
SYNT. a) concernant la rédaction du livre. Auteur, contenu, idées,
matière, personnages, plan, sujet d'un livre; avant-propos, préface d'un
livre; introduction, chapitre, conclusion d'un livre; citations, notes,
remarques, table des matières d'un livre; livre posthume. b) concernant
la nature ou la destination du livre. Livre d'algèbre, d'histoire, de
physique, de théologie; livre de magie; livre de cuisine, de jardinage; livre
d'imagination, d'aventures, de poèmes; livre d'art, d'étrennes; livre
d'enfant; livre liturgique, pieux; livre élémentaire. c) concernant
la lecture du livre. Analyser, résumer, traduire un livre; commencer,
ouvrir, feuilleter, lire, parcourir, achever, finir, terminer un livre;
compulser, consulter un livre. d) comportant un jugement de
valeur. Censurer, critiquer, interdire, saisir un livre; dévorer un livre;
livre courageux, neuf, original, stimulant; livre bien/mal écrit, ennuyeux,
livre léger, obscène, osé; beau, grand livre; mauvais livre; livre défendu, à
l'index.
2. Expr. et loc.
a) Expressions
Livre
de bibliothèque. Livre qui mérite de figurer dans une bonne bibliothèque.
Il ne serait pas mal, non plus (...) d'avoir quelques bons ouvrages de
littérature. et
ils en cherchèrent, fort
embarrassés parfois de savoir si tel livre était vraiment « un livre de
bibliothèque » (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 15).
Livre
de chevet*.
Vx.
L'homme d'un seul livre. Homme borné et péremptoire, qui s'attache
obstinément à une seule étude, à une seule idée. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Loc. adv.
À
livre ouvert. Facilement, couramment, sans avoir besoin de préparation.
[À
propos d'un texte] Traduire à livre ouvert. Racine était un lecteur
incomparable. À Auteuil, chez Boileau, Valincour
l'entendit, un soir, lire l'Œdipe de Sophocle, à livre ouvert (MAURIAC, Vie
Racine, 1928, p. 175).
Au fig. Les gens comme nous peuvent lire
dans le cœur l'un de l'autre à livre ouvert (DUMAS père, Monte-Cristo, t.
2, 1846, p. 181). J'étais presque gêné par ses yeux où j'avais peur qu'il
ne me surprît à le lire à livre ouvert (PROUST, Prisonn.,
1922, p. 226).
[À
propos de musique] Accompagner, chanter, lire la musique à livre ouvert.
Lorsqu'on entendit la
belle Dinah jouant à livre ouvert
sans exécuter la moindre cérémonie pour se mettre au piano, l'idée qu'on se
faisait de sa supériorité prit de grandes proportions (BALZAC, Muse départ., 1844, p. 66).
Vx.
À l'ouverture du livre. En ouvrant le livre au hasard. Je suis tombé,
à l'ouverture du livre, sur le passage dont j'avais besoin (Ac. 1835, 1878).
c) Loc. verb.
On
ferait un livre de; il y aurait un livre à écrire (sur). Il y aurait
matière à remplir tout un livre (de). Elle m'a raconté des histoires
étonnantes sur les clochards du quartier, il y aurait un livre à écrire (BEAUVOIR, Mandarins,
1954, p. 272).
N'avoir
jamais mis le nez dans un livre. Avoir peu lu, être ignorant. (Dict. XXe s.).
Être
toujours (le nez) dans un livre, dans les livres. Être très assidu à
l'étude. La Maheude (...) le traitait avec
considération, en jeune homme qui la payait exactement, qui ne buvait ni ne
jouait, le nez toujours dans un livre; et elle lui faisait (...) une
réputation de garçon instruit (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1280).
Parler
comme un livre (souvent iron.). Parler avec facilité et
correction, mais de façon trop formelle :
3. ... si je dis que la matinée
est radieuse, et que minuit sonne à l'horloge, je me trouve, il est vrai, parler
comme un livre. Mais je ne l'avais pas dit pour [it. ds le texte] parler comme un livre. Je le dis
parce que c'est vrai.
PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p.
94.
Il faut/il n'y a plus qu'à fermer le livre. L'essentiel est dit, il n'y a plus rien à ajouter. (Dict. XIXe et XXe s.).
Pâlir*,
sécher* sur un livre.
d) MUS. Chant sur le livre. ,Plain-chant
ou contre-point à quatre parties, que les musiciens
composent et chantent impromptu sur une seule`` (LITTRÉ). Le déchant
était-il une harmonie écrite ou une harmonisation improvisée, appelée plus
tard, chez les Français, « chant sur le livre »...? (COUSSEMAKER, Hist.
harm. Moy.-Âge, 1852,
p. 30).
3. Livre + adj. ou compl.
déterminatif, emplois spéc
a) Domaine relig
RELIGION
Livre sacré, livre saint, livre révélé, saint livre. Livre contenant les révélations et les enseignements propres à une
religion. Il [Michelet] vient de se plonger dans les livres sacrés
de l'Inde et il en sort comme ébloui de soleil (GONCOURT, Journal, 1864,
p. 27). Une révélation par laquelle s'exprime notamment le contenu sacré
des livres saints, tels la Bible ou le Coran (NAUDON, Fr.-maçonn., 1963, p. 94). V. démoralisant ex. 2.
En
partic.,
au plur. Synon. de Bible.
Le meilleur « enseignement » que je puisse vous donner, c'est d'étudier les
saints livres, de vous saturer de la Vulgate, de lire surtout le Nouveau
Testament, du matin au soir (BLOY, Journal, 1895, p. 206). On
soutint (...) que les philosophes grecs avaient plus ou moins directement
profité des livres révélés et leur devaient le peu de vérités qu'ils avaient
enseignées (GILSON, Espr. philos. médiév.,
1931, p. 27).
Livres
apocryphes*, canoniques*, deutéro-canoniques*,
inspirés*.
Gens,
religions du livre. Croyants, religions qui se fondent sur des
enseignements, des révélations consignés dans un livre (en partic. la Bible). Le Centre des religions du livre de
l'École Pratique des Hautes Études. Diriger une Église en terre d'islam, à
l'heure où la tendance y est, pour « les gens du livre » (juifs et
chrétiens), à un rétablissement du statut de dhimmi
(« protégés » jouissant de droits garantis mais limités) (Le Monde,
8 sept. 1981, p. 3, col. 5).
Livre
de la loi*, livres sibyllins*.
PRATIQUE
RELIGIEUSE
Livre
de dévotion, de piété, de prières. Livre contenant des prières, des
oraisons et servant aux exercices de dévotion. La littérature pouilleuse
des livres de dévotion (BLOY, Journal, 1895p. 179). Catéchismes et livres de prières
firent leur apparition dans la maison et, l'un après l'autre, les enfants
furent amenés à l'église de Saint-Andrew où ils
furent baptisés (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 20).
Livre
d'heures*.
Livre
de messe. Livre contenant principalement l'ordinaire de la messe et les
fêtes du temporal et du sanctoral. Synon. missel,
paroissien. Des petites images de sainteté coloriées, qu'on intercale dans
les livres de messe (GONCOURT, Journal, 1886, p. 571).
b) PÉDAGOGIE
Livre
de classe, classique, scolaire. Livre offrant un ,,abrégé
de connaissances généralement limité à une discipline et à une classe d'âge``
(Éduc. 1979). Synon.
manuel. Il ouvrit la serviette d'écolier qu'il portait sous son bras
(...). Là se trouvaient des livres de classe et quelques cahiers (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1001).
Livre
du maître. ,,Document qui accompagne un livre
scolaire et qui est rédigé à l'intention des maîtres, soit pour leur donner
des conseils pédagogiques sur la façon d'utiliser le livre de l'élève, soit
pour leur donner les réponses aux exercices proposés dans le livre de
l'élève`` (Éduc. 1979).
c) Livre de prix*.
4. Livre + adj. désignant la couleur originelle de la couverture
a) Livre blanc, livre jaune. Recueil de documents officiels,
relatifs à un problème politique, économique, diplomatique ou scientifique,
destiné à permettre au lecteur de juger sur pièces. Ce que prouve
abondamment et surabondamment le livre jaune, c'est que ça n'est pas
nous qui avons voulu la guerre (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914, p. 120). Le
livre blanc du Saint-Siège relatif à la séparation des Églises et de
l'État (BILLY, Introïbo, 1939, p. 202)
:
4. En Grande-Bretagne ni
l'investissement ni l'innovation ne sont certes laissées aux seules
initiatives privées (...) : des hommes-charnières bien informés et guidés par
de bons « livres blancs » assument à cet égard des
responsabilités nationales...
PERROUX, Écon.
XXe s., 1964,
p. 557.
b) Livre noir
Ouvrage de magie, de sorcellerie. (Dict. XIXe et XXe s.).
Recueil
de documents relatif à un problème particulier, publié dans une intention
critique. Les diverses organisations regroupées au sein de la Jeunesse en
plein air qui viennent de présenter un « livre noir » des conséquences
« aberrantes » de cet « éclatement » du calendrier [des
vacances scolaires] (Le Matin, 12 déc. 1980, p. 1, col. 4).
5. a) Au plur. Les livres. La lecture,
l'étude (par opposition à la vie, à la réalité concrète, à l'expérience). Il
n'avait, à dix-sept ans, vécu que par les livres; cette société mondaine et
vive l'étonne (GIDE, Journal, 1894, p. 52) :
5. Il existe encore, de par le
monde, quelques esprits demeurés soupçonneux ou sceptiques en matière
d'évolution. Ne connaissant que par les livres la nature et les
naturalistes, ils croient que la bataille transformiste se poursuit toujours
comme au temps de Darwin.
TEILHARD
DE CH., Phénom.
hum., 1955, p. 149.
Loc. verb. C'est, ça se passe comme dans
les livres. Cela se passe d'une façon idéale et
romanesque et non comme dans la réalité. Pourvu qu'on lui débite des
paroles choisies, qu'elle ne comprend pas très bien, pourvu qu'on l'embrasse,
qu'on se mette à ses genoux, que ça se passe comme dans les livres, enfin,
ça lui suffit parfaitement (COLETTE, Cl. à l'école, 1900, p. 142).
b) Loc. adj. De livre. Qui appartient au monde de la fiction
romanesque. Héros de livre.
6. Au fig. Ce qui offre une
source d'enseignement, de connaissance. Le livre de la nature. Aimer,
c'est là tout vivre; Le reste semble peu pour qui lit à ce livre (SAINTE-BEUVE, Consol.,
1830, p. 222). Je n'aime lire que les livres qui m'appartiennent : le
livre de la vie, par exemple (RENARD, Journal, 1902, p. 758).
II. En
partic. Subdivision d'un ouvrage, constituant
ou non un volume séparé. Le mythe qui termine le Xe livre de la République (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936,
p. 237).
BIBLE.
Une des parties de l'Ancien Testament. Livre de la Genèse, des
Psaumes; livres des Rois. J'ai toujours aimé fraternellement ce Sisara dont l'histoire nous est contée au quatrième livre
des Juges (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1237).
Livres
historiques*, poétiques*, prophétiques*, sapientiaux*.
III. P.
anal.
A. Cahier,
registre servant à écrire, à noter quelque chose. V. casquette ex. 5.
1. a) Livre de comptes, de dépenses. Registre sur lequel on
note ses comptes, ses dépenses. V. coin2 ex. 10.
b) Livre de raison (parfois livre de famille). ,,Journal tenu par le chef de famille qui inscrivait, avec
ses comptes, les événements tels que naissances, mariages, etc., et ses
propres réflexions`` (Ac. 1935). Ainsi,
au cours du temps, se composait le Livre de Raison, manuel agricole,
code moral à l'usage de la famille, qui marquait les étapes vers le but
poursuivi : la pérennité du nom (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925,
p. X).
Voici une note du livre de famille, écrite par son père à son sujet (THIBAUDET, Réflex.
litt., 1936, p. 97) :
6. ... il aperçut le livre de
comptes sur la table, et se rasseyant d'un air sombre, il l'ouvrit
machinalement. (...) il avait reconnu le livre [it.
ds le texte] de raison de la famille, le
vieux registre à couverture de parchemin où successivement Jean Thoiré et la tante Lénette avaient
consigné les dépenses et les événements mémorables de la maison.
THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879,
p. 143.
c) Livre d'or
Registre où étaient inscrits en lettres d'or les noms des nobles
dans divers États et particulièrement dans la République de Venise; sous la
Restauration, registre contenant les noms des pairs de France. Il oublia
et la Grande-Bretagne, et son nom inscrit sur le livre d'or de la noblesse,
et ses châteaux du Lincolnshire (GAUTIER, Rom. momie, 1858,
p. 173).
Registre
destiné à recueillir les signatures et les commentaires des visiteurs. Ce
Hollandais, tout poils roux, cordialité, jovialité à l'allemande, gardait un
livre d'or pour des visiteurs mondiaux, dans sa maison (BLANCHE, Modèles,
1928, p. 219) :
7. Le livre d'or du
Matterhorn était resté ouvert sur les inscriptions triomphantes des derniers
vainqueurs de la saison, et leur pitié : « Comme le monde serait beau si on
le comprenait! »
« Ex altitudine montium
». « Tout seul! »
« Solvitur in excelsis
».
PEYRÉ, Matterhorn,
1939, p. 255.
Registre où l'on consigne des noms illustres, des faits
mémorables. Au fig. Tradition qui
perpétue ces noms, ces exploits. Le livre d'or de l'automobile, de l'aviation.
En
partic. Livre d'or (parfois livre d'honneur).
Registre d'un établissement scolaire où sont recopiés les meilleurs devoirs
des élèves. Il était le seul à avoir passé son premier bac avec la mention Bien, ses
devoirs de philo étaient recopiés au livre d'honneur (MONTHERL., Ville
dont prince, 1951, I, 1, p. 855). J'accordai donc toujours beaucoup de
soin à mes « compositions françaises » si bien que j'en recopiai
quelques-unes sur le « livre d'or » (BEAUVOIR, Mém.
j. fille, 1958, p. 71).
d) Livre d'écrou*.
2. Spécialement
a) DR. COMM. Livre de commerce, comptable et p. ell. livre. Livre ou fiches de comptes
tenu(es) par un commerçant ou une entreprise. Livre d'inventaire;
livre des arrivages, des commandes, des expéditions; livre de paye; livre
journal. Un homme méticuleux et scrupuleux (...) épris de balances exactes,
de livres bien tenus, de comptabilités ordonnées et claires (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 28).
DR.
PUBL. Grand livre, grand-livre (de la dette publique). V. grand(-)livre.
DR.
RÉGION. Livre foncier. Registre officiel des parcelles cadastrales en
Alsace et Moselle.
b) ÉLEV. Livre généalogique. Registre sur lequel sont
enregistrés les pedigrees des animaux reproducteurs d'une race. Achat de
géniteurs inscrits au livre généalogique de leur race (Qq. aspects équip. agric., 1951, p. 23). Des livres généalogiques ont été
élaborés pour établir la descendance d'individus d'élite : taureaux (...),
chevaux (...), béliers (...) (WOLKOWITSCH, Élev.,
1966, p. 78).
c) HIST. Livre rouge. Registre, relié en maroquin rouge, sur
lequel étaient inscrites les dépenses secrètes de la Cour sous Louis XV et
Louis XVI. (Dict. XIXe et XXe s.).
Loc.
verb. fig., vieilli. Être (inscrit) sur le livre
rouge. Être voué à la réprobation publique pour une faute que l'on a
commise (Dict. XIXe et XXe s.).
d) MARINE
Livre
de bord. ,,Livre sur lequel le capitaine est
obligé de noter tous les incidents de la navigation`` (BARR. 1974). Synon. journal de mer.
P.
anal. Journal sur lequel sont régulièrement notés différents événements
et les réflexions qu'ils inspirent. Synon. journal
de bord. Je n'ai pas déménagé depuis plus de quatre ans. (...) j'ai consulté
mes livres de bord et même mon journal intime. Quatre ans! (DUHAMEL, Cécile,
1938, p. 24).
Livre
de discipline. Livre sur lequel le capitaine note les infractions des
marins, les crimes et les délits commis à bord. (Dict. XIXe et XXe s.).
Livre
de loch. Journal de timonerie.
P.
anal. Je retourne à mon livre de loch, comme disait Byron (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1837, p. 152). Dans ce livre
de loch que tu tiens, Olivier, Comme un navigateur qui va vers les surprises (COPPÉE, Poés., t. 2, 1865-1908, p. 143).
B. Au fig. Registre symbolique sur lequel sont
inscrites des personnes.
[P.
réf. à l'Apocalypse 13, 8 et 17, 8] Livre sur lequel sont inscrits les
élus. Livre de vie. Cette couronne était le signe du martyre. Et en effet
cette reine et le chevalier Porphyre étaient déjà inscrits au livre des
récompenses éternelles (FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 46).
Livre
du destin, des destinées. Livre sur lequel seraient inscrits les arrêts
du destin (à propos d'événements où l'on croit voir quelque fatalité). La
caste, institution essentiellement transitoire, fut donc en son temps un
progrès (...). Mais déjà le livre des destinées se referme (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 456). La victoire
à ses yeux était inscrite sur le livre du destin (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 206).
Prononc. et Orth.
: [].
Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et
Hist. A. 1. a) )
Ca 1100 « assemblage d'un assez grand nombre de feuilles portant
des signes destinés à être lus » (Roland, éd. J. Bédier, 610); )
1478 livre
d'impressure (Doc. ds
WOLF
(L.) Buchdruck, p. 221); 1488 livre
d'impression (Doc., ibid.); )
1680 livre
de musique (RICH.); )
1821 absol. le livre « l'imprimerie et ses produits » (J. DE MAISTRE, Soirées
St-Pétersb., t. 2, p. 16); b) 1580 «
œuvre, ouvrage de l'esprit » (MONTAIGNE, Essais, II, 10, éd. P. Villey
et V.-L. Saulnier, p. 415); 2.
a) 1588 les livres « la lecture,
l'étude... » (MONTAIGNE, Essais, III, 3, p. 827); b) 1606 parler livre «
parler savamment » (RÉGNIER, Satire, VII, 117 ds Œuvres compl.,
éd. G. Raibaud, p. 77); 1665 parler comme un
livre « id. » (MOLIÈRE, Don Juan, I, 2); 1690 id. p. iron. (FUR.); c) 1673
chanter à livre ouvert (MOLIÈRE, Malade imaginaire, II, 5); 3. 1636 p. métaph. « ce qui peut être déchiffré, interprété comme un
texte » (CORNEILLE, Illusion comique, I, 1 : nos destins sont des livres ouverts);
1637 livre
du monde (DESCARTES, Discours de la méthode, I, 14 ds
LITTRÉ). B. XIIIe s. [ms.] « subdivision d'un
ouvrage » (BENOÎT DE STE-MAURE, Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, t. 1, p. 64, note). C. 1. a) 1552 [éd.] livre
de raison (COTEREAU, Les douze livres de Columelle, p. 41); b) 1598 «
cahier, registre sur lequel on peut écrire, noter quelque chose » (CANAL, Dittionario italiano-francese
ds FEW t. 5, p. 297a); c) dr. 1675
livre extraict (J.
SAVARY, Le Parfait négociant, livre 2, p. 7); d) mar. 1687 livre
de bord (ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., t. 20, p. 26, § 9); e) livre d'or )
1740 « registre où sont inscrits les noms des nobles Vénitiens » (Ac.); )
1928 « registre destiné à recueillir les signatures et les commentaires
des visiteurs » (BLANCHE, loc. cit.); )
1931 « livre où sont inscrits les noms héroïques ou des faits dont on veut
perpétuer la mémoire » (Lar. 20e).
Empr. au lat. liber, signifiant
proprement « partie vivante de l'écorce » [sur laquelle on écrivait
autrefois] et p. ext. « ouvrage; division d'un
ouvrage; recueil ». Pour livre de raison, cf. aussi le lat. liber rationis. Fréq.
abs. littér. : 27 715. Fréq.
rel. littér. : XIXe s. : a) 35 262, b) 47 893; XXe s. : a) 41 623, b) 37 080.
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