Décidemment cette semaine c’est la semaine de l’exaspération. Je dois avoir mes règles. En feuilletant Métiers oubliés[1] de John Seymour, j’avais des montées de colères dignes de mes pires journées. Même si l’auteur est très attentif et presque amoureux de ce qu’il traite j’avais l’impression que Seymour, ne connaissait pas ce dont il parlait. Je m’explique : il en parle comme quelqu’un qui, fasciné par la disparition de ces métiers, se les approprie dans un environnement artificiel, hors contexte, de manière proprette ; comme un expert qui sait tout, qui sait tellement tout qu’il ne s’aperçoit pas que ses mots sont le tout ; comme un anthropologue qui connaît mieux que les sujets étudiés leur vie. J’avais l’impression d’un mec qui fait un retour à la surface de la terre pour son plaisir : qu’il a les pieds sur terre mais pas dans la terre. On ne sent pas les odeurs, on ne voit pas les ongles noirs, les pieds bruns de fumier, les fesses foireuses, les coudes crasseux… On a l’impression d’être au cinéma, de regarder Blanche Neige défaite par Walt Disney.

À vrai dire ce qui m’a irrité le plus dans le livre de Seymour  c’est qu’il emploie le terme métier à tort et à travers : pour les vrais métiers oubliés (fondeur, tonnelier, coraclier, coutelier, charron…), pour les activités de bricolage, simples appendices d’un vrai métier (fabrication d’échalier, de murs en pierre sèche, de maisons en bois…), pour les activités de support de la vie quotidienne (fabrication de sabots, de manche de haches, de balais de bouleau, des cannes, des piquets…). En voulant mettre de l’ordre il mélange tout, comme tout ceux qui veulent trop ordonner.

 



[1] John Seymour, Métiers oubliés, Chêne 1985.