Nul besoin de feindre un enthousiasme, suie d’excitations brûlantes qui les sortirent jadis d’une enfance paisible — selon les voix inertes et fausses de ceux que les rudes batailles enfantines estropièrent — pour les jeter dans le vide grisâtre de l’âge que la mélancolie étouffe avant que le travail ne prennent la relève, lorsque vint son tour de parole. Un enthousiasme saccadé, pointu et acéré comme les cris de celui qui incapable de soutenir le regard du passé plane sur sa voix vers les plaines illusoires du futur. Il était loin de ce que Louis René Des Forêts offrit aux lecteurs que la hâte de comprendre n’avait pas encore jetés dans l’indolence, loin du style qui caresse pudique les blessures que la vie s’acharne à rouvrir, loin, loin de ce monde où l’émeraude est taillées par des mots que l’oubli profane ne sut plier. Il parla comme l’enfant parle quand la glotte ne suit plus les paroles que l’âme par trop de plein est incapable d’aligner comme il se devrait. Et maintenant seul dans son bureau, observé par la spirale d’Ostinato et la bouche charnue de Brigitte, celle qui agitait et apaisait ses rêves au beau milieu de l’enfance quand le désir cherchait dans le noir la lumière de l’amour, il singe le maître (Louis-René Des Forêts, Ostinato, Gallimard 1997).