Sur un petit roman offert par des amies

 

J'aime trop la littérature d'évasion et je trouve ce roman halluciné. C'est peut-être ce désir irrépressible de dire quelque chose du sexe (comme il se doit lorsque l'on est écrivain) et de l'illustrer qui m'agace, je n'en sais trop rien. Il y a des passages lumineux sur le pouvoir et la certitude phallique qui m'indiffèrent dès lors qu'ils procèdent de ce même pouvoir : l'encre et la plume, la séduction métaphorique et son pouvoir ; l'image, la sacro-sainte image, la fabuleuse icône féminine ou masculine dont l'auteur ne sait se débarrasser.

 

Ce n'est certainement pas un roman pour bander. C'est une histoire de prise du pouvoir (temporaire) alimentée par la pérennité de la vie que la mort vient toujours démentir. Que les hommes soit d'ailleurs tous des assassins, cela s'entend. Mais qu'en est-il de dire autre chose pour une fois, pour une fois seulement ? Entre le sexe et l'oubli, moi je choisis l'oubli. Quant à Catherine Breillat, elle a certainement fait ses lettres, sa philosophie et la psychanalyse qui est tout au bout.

 

Pour ce qui est de l'orientation sexuelle, comme dirait mon sexologue, je trouve que l'auteur demeure au niveau des clichés les plus éculés sur le milieu gay (relisez les premières pages ; c'est à bâiller de conformisme descriptif). Car au milieu gay  (qui est toujours le centre du pouvoir) doit bien correspondre une périphérie (pour ne pas dire une multitude) dont je me réclame comme tant d'autres ; qui n'est pas belle comme les dieux, ni ne posséde de grosses queues (pour faire vulgaire), mais qui est nébuleuse du désir, force vive et immanence (pour rejoindre — mais alors là, totalement — la description de l'auteur).

 

Là où le bât blesse (c'est un mauvais jeu de mots, je l'admets), c'est dans son analyse (un bien grand mot, mais des maux tout de même, comme dirait Lacan) de l'homosexualité comme de l'auto-congratulation phallique, auto-référentielle, narcissique et donc morbide. C'est une avenue trop parcourue pour que je m'y engage à nouveau. Mais cet assassin qui longe le trottoir, qui pourrait être bien payée pour tuer, qui pourrait au demeurant ne rien connaître que le sang, le sperme, la merde et les larmes ; dites-moi, amies, est-ce bien moi ?