Justin Cooper Trudeau
par Marie Andrée Rajotte
Au
zénith de la place Jacques Cartier, le fils d’Hypérion, arrêta les
quatre coursiers francs du collier et prompts au galop. Immobiles, tels
une plate-forme Shell dans la mer du Nord, Pyroïs, Éoos, Aéthon et
Phlégon broutaient la couche d’ozone cependant, somptueux dans son char de feu,
Hélios, oublieux de Clyméné, mais non du fondateur du Canada à la double
langue, lançait ses flèches brûlantes d’émotion sur Montréal. Les rues
se vidèrent comme par enchantement, les nobles s’engouffrèrent dans la
cathédrale et, les bureaux, les bars, les saunas, les écoles et les parcs
désertés la populace s’installa à demeure, pop corn dans la main gauche et une
bière dans la droite, les yeux rivés à la télé. McLuhan, le satellite
géostationnaire au bras canadien et à la tête québécoise, mis en orbite pour
l’occasion, grand-ouvrit ses milles et une oreilles pour capter les micro
signaux de radio Cacana et les disperser dans l’univers.
Il
fut.
Vint-sept
caméras Sony installées dans les vingt-sept lieux clefs de la cathédrale Notre
Dame envoient des images numériques à la console de mixage, managed by
Denis Carcand, qui, en real time, les dispatche au satellite.
Midi tapette. Justin Cooper Trudeau, avance, superbe, parmi dames busquées et
tristes notables. Plan russe de la caméra 3 : les larmes ruissellent sur
la chemise Armani avant de mouiller le slip Calvin Klein. La 12
balaie les visages hilares des politiciens qui brillent par leur absence à côté
d’un fidèle Fidel et d’un non moins fidèle Jimmy : Élisapète du
Royaume Pourri avec son Teddy Braire, le ministre de la propreté moyenne
orientale Vassur Taturk, le chef de toutes les Roussies, Proutine, les frères
chamois Chirac et Jospine, le ministre scandinave Olœuf Alacoke, le secrétaire
du partido revolucionario y conservador y democratico y sustancialista de la
siesta y de la tarde y de la mañana y de la noche le méxicain Juliano Enculador
del Cohombro Enmascarado, la sous-commandante de l’ETA Ahantzirika
Zinagozkiketa, le ministre des massacres chinois Poum Poum, le président
cokembien Grande Cojon y Siervo de los Americanos et le général argentin Nosoy
El Pecíolo de la Pera, le président haïtien Flaubert Simenon Daudet, le
ministre des mines congolaises J’envole N’bout et le banquier sénégalais Aris
Tocrat et mille autres qui préfèrent rester dans ma plume alanguie.
Hiératique
et fier Justin avance. Plan plongeant sur une nuque digne du fils de Danaé.
Arrêt de trois secondes. Baiser à la bière. Neuf larmes et demie. Reprise de
l’avancée. Sourire à son éminence le cardinal Porc Hot. Gratouillage de couille
à la caméra 13 (censure). Sourire caramélé à Sandra, danseuse du club La
salade percée de Saint-Jovite, toujours à la caméra 13 (censure). Lentement
le fils se tourne vers la foule qui avec force dignité s’attroupe autour de la
bière. Un verre d’eau distillée avant un discours enflammé, profond, original
et bilingue qui, comme celui d’Antoine, brillera dans les annales forever :
« Mon père fut un bon père a good father…[applaudissements
sur la gauche] Il nous aima comme un père aime ses enfants…[applaudissements
au centre] J’ai de bons souvenirs…[applaudissements
au fond] Il était gentil et bon [applaudissement
au centre] J’ai plein de souvenirs de mon père qui fut un vrai père…[applaudissements
sur la droite] Il nous enseigna à
vivre comme un père…J’admire et j’aime mon père…[Ici la responsable du
comité des enfants- pervers-qui-aiment-leur-père (CEPERLEPER) ne put retenir le
cri de guerre que la délégation Mohawk assise sur le lustre central repris avec
force conviction : Uuuuuuuuu Uuuuuuuuu Uoooooooo Uaaaaaaa. Ce qui ne fut pas sans causer un instant de panique
parmi les policiers cachés dans les tuyaux de l’orgue] I love you papy. Un jour je le vis
habillé en père noël… J’aimais I loved my mon papy papy papy, my papy
[Les hommes lancent en l’air leurs chapeaux et leurs cravates; certains se déchaussent et agitent leurs bas au nez
de leurs voisins. Les femmes lèvent leurs jupes et les brûlent devant l’image
de Sainte-Thérèse de la feuille d’érable] »
D’un
imperceptible mouvement de la joue le héros aux cuisses d’airain, fils de
Pierre Elliot et de Margareth, imposa un retour au calme. Pour remplir, la
camera 14 plongea entre les chairs prospères de trois oies au décolleté
plongeant. Plan large sur le groupe des chanteurs. La richissime voix de Santa
Lucia Papparotti suivie illico par celles, non moins riches, de Célhymne Dion
et de El Tonton Jon se chargea d’un Hymne à la joie si intense que même
les intellectuels, sous le regard courroucé de Heidi Guère, ne purent se
retenir de fredonner. Michelle Fauxcul et Jeanne Lacane chantèrent si faux que,
pour se défendre devant la postérité, ils durent écrire un essais sur «
La vérité du chanter faux » (Michelle) et un autre sur « La fausseté du chanter vrai »
(Jeanne) qui seront publiés aux séditions Flamme Arienne
L’inclassable
Iketnuk, avec sa tronche des mauvais jours, à la tête d’une délégation
d’Hyperboréennes et de Mongoles, déclencha de très graves incidents quand, en
signe de profonde affection selon certains, de mépris selon d’autres, cracha au
visage de Justin Cooper. Jase Parisot et Luchien Boistard, toujours à l’affût
des mouches dans les soupes, en profitèrent pour cracher dans la bière du saint
père ce qui causa une réaction durissime dans le camp fédéraliste. On vit alors
des notables posés devenir chèvre et lancer du grain d’Alberta sur les deux
nationalistes purs et durs. La cathédrale devint vite le saloon de High Noon
où des nationalistes, allergiques à l’Alberta, toussaient comme des colombes et
lançaient dans le camp adverse crottes de bique et courtepointes. Soudain les
grincements de la porte principale qui furent, non sans raison, pris pour des
grincements de dents de feu Pierre, calmèrent les esprits et les belligérants
se transformèrent en statues de granit. Précédée par une cohorte de cheers
leaders mâles la toute puissante secrétaire d’état, Mad Allbright, en
monokini fuchsia et talons aiguilles, fit son entrée dans la cathédrale. D’un
regarde de langoustine Mad ordonna aux belligérants de s’embrasser. La caméra 7
filma Parisot qui embrassait le premier ministre Crétin (censure) et la 6
Boistard qui s’auto-embrassait (censure). Le Trudeauïde à la larme contrôlée,
bavant comme un saint-bernard en rut, se rua sur la virago… (censure)