Quarantaine

 

D

écider qui licencier en considérant seulement les coûts et les pertes est un droit des entreprises. La Cour suprême californienne approuvait ainsi la décision d’un juge qui avait donné raison à une entreprise contre un employé de 49 ans licencié et remplacé par un plus jeune moins bien payé.

 

            « La défaite des gens de quarante ans est dévastatrice » a clamé l’avocat de l’employé.

 

Dans une période où l’État, les écoles, les hôpitaux et tutti quanti coupent, rationalisent, rétablissent, luttent contre les déficits comme jadis on luttait contre démons et sorcières, a-t-on le droit de s’étonner qu’une entreprise « fasse ce qu’elle doit » ? N’est-il pas excessivement niais de croire qu’une Cour suprême ne défende pas les intérêts de la nation, surtout quand ces intérêts sont ceux de l’économie ?

 

Et puis, dévastatrice pour qui ? Pour les gens de quarante ans ? Pour la société ?

 

Dire qu’il y eut une époque où l’on ne hachait pas encore la vie en décennies pour donner à chaque tranche des caractéristiques uniques ; où les classes n’étaient pas reliées à l’âge ; où, quand on parlait de dévastation, on faisait plutôt référence aux noirs, aux ouvriers, aux femmes et — pourquoi pas ? — aux pauvres.

 

Mais, surtout, que les blancs californiens en quarantaine se démerdent ! Tout comme leurs camarades québécois, français, allemands, etc.