Putes

par Iketnuk

 

Ceux qui me font le plus chier ce ne sont pas les commerçants et les bons pères de famille qui veulent un quartier propret pour leurs affaires et leurs enfants. Je laisse à d’autres moins exigeants la tâche de les critiquer. Les bornes qu’on a fixées à leurs cerveaux les rendent presque sympathiques. Non, ceux qui me font vraiment chier n’ont pas de bornes : leur « intelligence » s’étale partout comme la célèbre confiture mais se réduit à un film si mince qu’elle devient imperceptible ; ce sont les âmes belles qui défendent les putes avec une impudicité révoltante. Ceux qui, pour avoir le courage de les défendre, se sentent obligés de faire des paquets cadeaux de l’exclusion : putes, squeegees, sans-abris et drogués ; tous dans un même sac (biodégradable). C’est quoi ce melting-pute ? Ils nous disent que les putes « C’est des braves gens. Des gens comme nous. » Non, elles ne sont pas braves et elles ne sont pas des gens comme vous. Si elles l’étaient, elles seraient bien installées dans un appartement avec beaucoup de lumière à Outremont ou dans un duplex sur Prince Arthur ou sur Drolet (en bas de Marie-Anne).

 

Vous n’êtes pas comme elles, chers pamplemousses avec tendances humanitaires. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de la surveillance des clients ? Vous nous faites une tête avec le client roi et puis, comme ça, sans explication aucune vous nous dites que les clients des putes ne sont pas des vrais clients. Qu’est-ce qu’ils ont de si spécial ? Même s’ils sont spéciaux, ce sont eux qui font vivre le commerce. Voulez-vous faire augmenter le chômage? C’est cela que vous voulez ? Donc vous introduisez une surveillance policière « à l’égard des clients plutôt que des prostituées. » pour affamer les vendeuses de sexe ! Malins ! Vraiment des petit malins ! Vous voulez sauver la chèvre et le chou. Mais, vous n’y réussirez pas car le sexe rend intelligents même les cons. Les clients trouveront le moyen de contourner les policiers (qui n’ont jamais brillé par leur perspicacité) et le commerce de la chair ne périclitera pas.

 

Un conseil pour terminer. Si vous voulez vraiment sauver la chèvre et le chou, payez les putes à ne rien faire. Soyez à l’avant-garde ! Cassez le lien entre salaire et travail ! Donnez-leur assez d’argent pour leur permettre de faire la vie… qu’elle veulent. Je suis sûr que vous êtes assez malins pour trouver une manière de récupérer cet argent (en vous prostituant dans vos maisons proprettes, par exemple).